Actualités pour tous

Actualités pour tous

L'escroc qui a fait tremblé la Troisième République

Aujourd’hui, j’ai envie que nous parlions de scandale. Plus précisément, je vais vous raconter l’histoire de l’affaire Stavisky, un retentissant scandale politico-financier et un fait divers devenu une véritable affaire d’État qui a fait trembler la Troisième République.

 

Remontons au 8 janvier 1934. Alors qu’il est sur le point d’être arrêté par la police, l’escroc Alexandre Stavisky se tire une balle dans la tête dans un chalet de Chamonix. Il était poursuivi à cause de sa dernière escroquerie visant le Crédit municipale de Bayonne. Plongeons-nous dans son histoire et dans ce qui l’a amené à cet acte désespéré.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Alexandre Stavisky – photographie de Rue des archives/RDA

 

Ses débuts

D’une famille israélite originaire de Russie, Serge Alexandre Stavisky arrive en France avec son père en 1898. Il obtient la nationalité française en 1910. Il ne tarde pas à se faire connaître de la justice française grâce à une série d’escroqueries et de chèques sans provisions. Mystérieusement, aucune des plaintes déposées contre lui n’a aboutit et les jugements sont interminablement renvoyés à une date ultérieure. Au moment où l’affaire Stavisky sera révélée au grand jour, environ 80 dossiers constitués contre lui seront dans les bureaux de la Sûreté et des ministères intéressés sans jamais avoir attirés l’attention.

 

L’escroquerie des emprunts de Bayonne

En 1931, un certain Serge Alexandre fonde un crédit municipal à Bayonne avec l’appui du maire de la ville. Rapidement, cette société émet un nombre considérable de bons à intérêts, placés auprès des compagnies d’assurance, des banques, des petits épargnants.

 

En 1933, Gustave Tissier, alors placé à la tête de l’organisme, est écroué pour émissions de faux bons. Ces derniers ont permis l’encaissement illicite de sommes extrêmement élevées allant de 200 000 francs à un million. Les investigations policières et les interrogatoires permettent de remonter au bénéficiaire de cette arnaque, un certain Stavisky. Ce dernier est connu des services de police et des médias pour diverses escroqueries dont des falsifications de chèques, des opérations boursières frauduleuses. Il est qualifié d’aventurier, d’escroc de haut vol, de forban.

 

Diverses arrestations et inculpations

Alexandre Stavisky avait déjà été condamné en décembre 1916 pour abus de blanc-seing (des signatures apposées à l’avance sur un document blanc) et en 1918 pour abus de confiance. Il a été mêlé en 1925 à des affaires de chèques lavés. Puis en juillet 1926, il est arrêté pour malversation financière. Cependant, il est remis en liberté provisoire en 1928.

 

Derniers temps

A sa sortie de prison, Stavisky monte une société dont le but essentiel est de faire le commerce de bijoux. Des bijoux truqués sont présentés en gage. Dix millions de bons de caisse irréguliers sont découverts. Au fil de l’affaire, d’autres escroqueries sont mises à jour et relayées par la presse.

 

Grâce à l’argent gagné illégalement, il a su s’attirer la protection et la bienveillance de personnes haut-placées dans les milieux d’affaires, politiques, la police et la magistrature, ce qui explique pourquoi il a pu commettre ses méfaits sans être réellement inquiété.

 

Un mandat d’arrêt est tout de même délivré contre lui, alors même qu’il s’est enfui en direction de la frontière suisse. Le 2 janvier 1934, la police le localise dans un chalet de Chamonix, sûrement loué sous un nom d’emprunt ou par l’un de ses comparses. Le 8 janvier, elle cerne la maison alors que des coups de feu sont entendus à l’intérieur. Lorsque les policiers entrent il trouve Stavisky gisant au pied de son lit, une balle dans la tête. Il faudra deux heures pour le transporter à l’hôpital. Cette absence de prise en charge rapide entraînera sa mort. La presse raconte que les policiers ont d’abord appelé des journalistes et photographes afin que le corps de l’aigrefin soit photographié, puis au bout d’une heure et demi, ils ont choisi d’appeler une ambulance.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dessin satirique de Galland sur l’affaire Stavisky – Rue des Archives

 

Après son suicide

Après son suicide, divers ministres sont tour à tour impliqués dans l’affaire, certains sont relaxés, d’autres sont inculpés.

 

Sa mort suscite le débat: était-ce réellement un suicide ou a-t-il été assassiné? Dès l’annonce de son décès, des ligues d’extrême-droite manifestent dans les rues de Paris. L’affaire Stavisky, énième scandale financier de l’époque, est l’occasion pour les ligues fascistes, les communistes et les socialistes de se mobiliser.

 

Cette révolte aboutira à la tragique journée du 6 février 1934, durant laquelle des policiers ouvrent le feu sur les manifestants. Ces tirs ont fait une vingtaine de morts et près de 1500 blessés. Cependant, sous la pression populaire, le gouvernement choisit de démissionner.

 

Article réalisé grâce au journal Le Figaro avec son article intitulé «Affaire Stavisky: la mort de l’escroc fit vaciller la République en 1934», à l’article de France Inter intitulé «Arnaques, suicide et scandale politique: l’Affaire Stavisky» et au site Encyclopédie Universalis.



17/04/2020
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 5 autres membres