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Kim Jong-Nam, qui était le demi-frère de Kim Jong-Un?
Kim Jong-Nam, demi-frère du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, a été assassiné le 13 février 2017 à l’aéroport de Kuala Lumpur, en Malaisie. Deux jeunes femmes lui ont projeté un produit neurotoxique au visage, le VX. Ce dernier est dix fois plus puissant que le gaz sarin et classé parmi les armes de destruction massive.
Kim Jong-Nam, à gauche, est le demi-frère de Kim Jong-Un
Photo AP, sur le site La Presse
Écarté du pouvoir
Surnommé le «Petit Général», Kim Jong-Nam était un temps pressenti pour succéder à son père à la tête de la Corée du Nord. Il est tombé en disgrâce en 2001 lorsqu’il a été arrêté à l’aéroport de Tokyo en possession d’un faux passeport dominicain. Il était alors accompagné de deux femmes et d’un enfant et avait déclaré vouloir visiter le parc d’attraction Disneyland de la capitale japonaise.
Depuis sa disgrâce, il avait vécu en exil, principalement à Macao, à Singapour et en Chine. Il avait déclaré que le pouvoir ne l’intéressait pas et s’était dit en octobre 2010, dans une interview pour la chaîne japonaise Asachi TV, «opposé à la transmission héréditaire à une troisième génération de la famille». Son demi-frère, Kim Jong-Un, a hérité du pouvoir en 2011 à la mort de leur père. Dès lors, Kim Jong-Nam avait multiplié les critiques sur le régime de Pyongyang.
Un informateur de la CIA
Anna Fifield a récemment publié une biographie intitulé The Great Successor, dans laquelle elle parle de Kim Jong-Nam comme étant un informateur de la CIA. L’héritier déchu avait, selon elle, rencontré ses «officiers traitants» de l’agence de renseignement américaine peu avant de mourir.
Peu de temps avant sa mort, des images de «vidéosurveillance le montre dans l’ascenseur d’un hôtel avec un homme de type asiatique» qui serait un «agent américain de la CIA», selon Fifield. Kim Jong-Un «aurait considéré que le fait de parler avec des américains est un acte de trahison».
Selon Anna Fifield, le sac à dos que portait Kim Jong-Nam au moment de sa mort contenait 120 000 dollars en liquide. Elle avance deux théories pour justifier une telle somme: ce serait soit un paiement pour ses informations, soit de l’argent pour ses activités de joueur. En effet, Kim Jong-Nam gérait plusieurs sites internet de jeu et «vivait au milieu des parieurs, des gangsters et des espions», selon elle.
Cependant, Donald Trump affirme qu’il n’aurait jamais laissé la CIA entrer en contact avec Kim Jong-Nam car il entretient de «très bonnes relations» avec Kim Jong-Un. En outre, plusieurs «anciens responsables américains» affirment que le demi-frère de l’actuel dirigeant «n’aurait pas été capable de donner des détails sur le fonctionnement interne du pays» en raison de ses nombreuses années d’exil.
La jeune vietnamienne, Doan Thi Huong, escortée par la police malaisienne
Photo de Mohd Rasfan pour l’AFP, sur le site de Libération
Un canular
Quelques jours après la mort de Kim Jong-Nam, deux jeunes femmes vietnamienne et indonésienne ont été arrêtées par la police. Elles avaient été filmées par les caméras de l’aéroport en train d’asperger d’un produit le visage du nord-coréen.
Elles ont par la suite été inculpées de son assassinat mais elles n’ont jamais cessé de clamer leur innocence. Elles affirmaient avoir été recrutées pour participer à ce qu’elles croyaient être une farce, qu’elles avaient été flouées et entraînées dans un complot commandité par des agents nord-coréens. Le parquet malaisien a finalement abandonné les accusations de meurtre à leur encontre et à libéré les deux jeunes femmes.
En outre, quatre hommes ont été filmés à l’aéroport de Kuala Lumpur observant la scène. Ils se sont par la suite envolés pour Pyongyang en sautant d’avions en avions pour brouiller les pistes et n’ont pas pu être interceptés.
Cette enquête reste, aujourd’hui encore, non-élucidée, et une question fondamentale subsiste: cet assassinat a-t-il été commandité par une faction opposée à Kim Jong-Un ou par le gouvernement nord-coréen lui-même?
Article réalisé grâce à celui du journal 20 minutes intitulé «Kim Jong-Nam, le demi-frère assassiné de Kim Jong-Un, était un informateur de la CIA, révèle un livre».
Le scandale du Watergate
Au matin du 17 juin 1972, vers 1h30, cinq hommes sont arrêtés dans l’immeuble du Watergate à Washington. Ils sont entrés pas effraction et ont été surpris en train de fouiller le quartier général du Parti Démocrate et d’y installer des micros. Très vite la police comprend que les cinq hommes ont des liens avec la Maison Blanche. L’un d’entre eux, James McCord, est un ancien agent de la CIA et est un membre du comité pour la réélection du président Richard Nixon.
L’équipe du candidat républicain aurait-elle chercher à saboter son adversaire démocrate, Geroges McGovern? Rien n’est plus sûr. Le scandale de Watergate est un des scandales les plus retentissants de l’histoire des États-Unis.
Une enquête qui ne mène à rien
Bob Woodward et Carl Bernstein, journalistes pour le journal Washington Post, s’empare de l’affaire. Grâce à un informateur surnommé «Gorge profonde», ils révèlent les liens compromettants entre la Maison Blanche et l’effraction du Watergate. Ils dénoncent alors une opération d’espionnage et de sabotage politique beaucoup plus vaste.
Le président Nixon dément toute implication dans cette affaire. Dans le même temps, l’enquête du FBI s’essouffle et l’intérêt de l’opinion publique s’affaiblit. Le président Nixon est réélu triomphalement le 9 novembre 1972, notamment grâce à la promesse de paix au Vietnam. Tous ces événements ne découragent pas les deux journalistes qui poursuivent leurs investigations.
Une enquête du Sénat
En janvier 1973, le procès des cinq hommes s’ouvre. Sous la pression, l’un d’entre eux finit par craquer et avoue ses activités illicites pour le compte du comité de réélection du président.
En réponse, le Sénat ouvre une commission d’enquête le 7 février 1973. A l’heure où la télévision s’est généralisée dans les foyers américains, les auditions se succèdent et cette affaire passionne à nouveau l’opinion publique. Selon tv5 monde, «le fait divers se transforme très vite en un véritable feuilleton digne d’un film d’espionnage». L’utilisation de fonds secrets, le blanchiment d’argent, l’entrave à la justice et bien d’autres activités illicites sont révélées au grand jour.
Ces révélations et cette enquête accablent l’administration de Nixon. Les conseillers de ce dernier sont inculpés les uns après les autres ou forcés de démissionner. Pourtant le président nie toujours toute implication.
Une procédure d’Impeachment
Le Sénat finit par découvre que le président Nixon a mis ses propres bureaux sous écoute et réclame la retranscription des enregistrements. Face au refus de la Maison Blanche de livrer les bandes, le Sénat n’a d’autre choix que de déclencher une procédure d’Impeachment, procédure visant à destituer le président.
Nixon tente le tout pour le tout et essaye de se défendre dans une émission télévisée. Cependant, trop de révélations ont été faites. Il est obligé de démissionné le 9 août 1974, pour éviter l’humiliation d’une destitution.
Article réalisé grâce au dossier de tv5monde intitulé «Le scandale de Watergate» et l’article de ina.fr intitulé également «Le scandale de Watergate».
L'affaire du Rainbow Warrior
Le navire amiral Rainbow Warrior de l’organisation de protection de l’environnement Greenpeace a été saboté le 10 juillet 1985 dans le port d’Auckland, en Nouvelle-Zélande. Deux bombes, posées par les services secrets français, ont explosé et troué la coque du navire. Le naufrage du navire avait pour objectif d’empêcher l’organisation de perturber les essais nucléaires français à Mururoa, dans le Pacifique.
La pièce maîtresse des campagnes de Greenpeace
Selon Greenpeace, le Rainbow Warrior a été la pièce maîtresse des campagnes contres les baleiniers, contre l’immersion des déchets radioactifs, contre les massacres des phoques gris, etc. En 1983, il a pénétré les eaux interdites de Sibérie, en pleine Guerre Froide, pour documenter le massacre des baleines grises. En 1985, il s’est amarré dans l’atoll de Rongelap dans le Pacifique Sud, afin d’évacuer toute la population de l’atoll vers l’île de Mejato. Cette opération, nommée «Exode» par l’ONG, avait pour objectif de sauver la population de l’atoll des conséquences des essais nucléaires américains ayant eu lieu de 1946 à 1956. Ces essais nucléaires avaient laissé des poussières radioactives qui se sont déposées sur l’atoll et ont entraîné des cancers, des leucémies et des malformations génitales en nombre très élevé chez la population de Rongelap.
Après cette opération, le navire et son équipage se sont dirigés vers le port d’Auckland, depuis lequel il devait repartir pour le site nucléaire français de Mururoa.
Les faits
Le 10 juillet 1985, dans le port d’Auckland, en Nouvelle-Zélande, deux bombes, posées par les services secrets français, éventrent le Rainbow Warrior pour empêcher Greenpeace de perturber les essais nucléaires français à Mururoa, dans le Pacifique. Ce qui ne devait être qu’un sabotage s’est transformé en attentat avec la mort de Fernando Pereira, photographe de Greenpeace.
Des arrestations et un procès
Le 17 juillet 1985, une enquête néo-zélandaise permet l’interpellation des époux Turenge, qui se révéleront être en réalité le commandant Alain Mafart et la capitaine Dominique Prieur, agents de la Défense Générale de la Sécurité Extérieure (D.G.S.E). Leur procès débutera le 4 novembre 1985 et ils seront condamnés à dix ans dé réclusion le 22 novembre 1985.
Le 26 juillet 1985, un mandat d’arrêt est émis contre les trois occupants français d’un voilier, l’Ouvéa, mis en cause dans l’attentat. Cependant, ces trois personnes sont déjà rentrées en France, ils ne seront donc jamais inculpés.
Le gouvernement français mis en cause
Début août 1985, afin d’anticiper la révélation de l’implication des services secrets français, François Mitterrand, Président de la République, demande à Laurent Fabius, alors Premier Ministre, d’ordonner une enquête sur ce sabotage. Le Premier Ministre confie l’enquête à Bernard Tricot qui rend son rapport fin août en dédouanant les services secrets.
Cependant le 17 septembre 1985, Le Monde révèle que le Rainbow Warrior aurait été coulé par une troisième équipe de militaires français. En conséquence, le 20 septembre, le Général Lacoste, chef de l’État-Major des armée, est limogé. Le même jour, Charles Hernu, alors ministre de la Défense, est contraint de démissionné. Le 22 septembre, Laurent Fabius reconnaît les faits et fait porter la responsabilité de l’affaire par l’ancien ministre et l’ancien chef de la D.G.S.E. Il n’y aura donc jamais d’enquête parlementaire.
Ces mois de dénégations et de mensonges entraînent un scandale à l’automne 1985. La révélation de l’implication du gouvernement français et la reconnaissance des faits par le Premier Ministre déclenche l’indignation internationale. Le Daily Express a même précisé que «le sabotage style Watergate menace l’homme qui trône au Palais de l’Élysée».
Le trou formé par une des explosions dans la coque du Rainbow Warrior (TUCKER XYZ/SIRA)
Les conséquences pour Greenpeace et le Rainbow Warrior
En août 1985, le navire fut renfloué mais l’expertise démontra que les dégâts étaient trop importants pour être réparés. Il fut donc immergé au large des îles Cavalli, à Matauri Bay, au nord d’Auckland. Il repose aujourd’hui à 28 mètres de profondeur.
Le sabotage du Rainbow Warrior fut un fiasco pour les services secrets français et a discrédité la France. Cependant, il a mit en lumière l’action de l’ONG qui a vu sa popularité s’accroître dans le monde entier, sauf en France. Dans le pays, une campagne de désinformation tente de faire passer la France pour la victime, en positionnant Greenpeace comme l’agresseur initial en s’appuyant sur l’idée que l’ONG est une organisation étrangère et qu’elle est donc probablement manipulé par des intérêts ennemis. Cette campagne coupe Greenpeace du soutien du public français, cela entraîne la fermeture du bureau français de l’ONG en 1987. Cependant, celui-ci rouvrira deux ans plus tard, en 1989.
Article écrit grâce à l’article du journal Le Figaro intitulé «Le 10 juillet 1985, le sabotage du Rainbow Warrior» et à celui que Greenpeace a écrit sur son site intitulé «L’attentat du Rainbow Warrior».
L'escroc qui a fait tremblé la Troisième République
Aujourd’hui, j’ai envie que nous parlions de scandale. Plus précisément, je vais vous raconter l’histoire de l’affaire Stavisky, un retentissant scandale politico-financier et un fait divers devenu une véritable affaire d’État qui a fait trembler la Troisième République.
Remontons au 8 janvier 1934. Alors qu’il est sur le point d’être arrêté par la police, l’escroc Alexandre Stavisky se tire une balle dans la tête dans un chalet de Chamonix. Il était poursuivi à cause de sa dernière escroquerie visant le Crédit municipale de Bayonne. Plongeons-nous dans son histoire et dans ce qui l’a amené à cet acte désespéré.
Alexandre Stavisky – photographie de Rue des archives/RDA
Ses débuts
D’une famille israélite originaire de Russie, Serge Alexandre Stavisky arrive en France avec son père en 1898. Il obtient la nationalité française en 1910. Il ne tarde pas à se faire connaître de la justice française grâce à une série d’escroqueries et de chèques sans provisions. Mystérieusement, aucune des plaintes déposées contre lui n’a aboutit et les jugements sont interminablement renvoyés à une date ultérieure. Au moment où l’affaire Stavisky sera révélée au grand jour, environ 80 dossiers constitués contre lui seront dans les bureaux de la Sûreté et des ministères intéressés sans jamais avoir attirés l’attention.
L’escroquerie des emprunts de Bayonne
En 1931, un certain Serge Alexandre fonde un crédit municipal à Bayonne avec l’appui du maire de la ville. Rapidement, cette société émet un nombre considérable de bons à intérêts, placés auprès des compagnies d’assurance, des banques, des petits épargnants.
En 1933, Gustave Tissier, alors placé à la tête de l’organisme, est écroué pour émissions de faux bons. Ces derniers ont permis l’encaissement illicite de sommes extrêmement élevées allant de 200 000 francs à un million. Les investigations policières et les interrogatoires permettent de remonter au bénéficiaire de cette arnaque, un certain Stavisky. Ce dernier est connu des services de police et des médias pour diverses escroqueries dont des falsifications de chèques, des opérations boursières frauduleuses. Il est qualifié d’aventurier, d’escroc de haut vol, de forban.
Diverses arrestations et inculpations
Alexandre Stavisky avait déjà été condamné en décembre 1916 pour abus de blanc-seing (des signatures apposées à l’avance sur un document blanc) et en 1918 pour abus de confiance. Il a été mêlé en 1925 à des affaires de chèques lavés. Puis en juillet 1926, il est arrêté pour malversation financière. Cependant, il est remis en liberté provisoire en 1928.
Derniers temps
A sa sortie de prison, Stavisky monte une société dont le but essentiel est de faire le commerce de bijoux. Des bijoux truqués sont présentés en gage. Dix millions de bons de caisse irréguliers sont découverts. Au fil de l’affaire, d’autres escroqueries sont mises à jour et relayées par la presse.
Grâce à l’argent gagné illégalement, il a su s’attirer la protection et la bienveillance de personnes haut-placées dans les milieux d’affaires, politiques, la police et la magistrature, ce qui explique pourquoi il a pu commettre ses méfaits sans être réellement inquiété.
Un mandat d’arrêt est tout de même délivré contre lui, alors même qu’il s’est enfui en direction de la frontière suisse. Le 2 janvier 1934, la police le localise dans un chalet de Chamonix, sûrement loué sous un nom d’emprunt ou par l’un de ses comparses. Le 8 janvier, elle cerne la maison alors que des coups de feu sont entendus à l’intérieur. Lorsque les policiers entrent il trouve Stavisky gisant au pied de son lit, une balle dans la tête. Il faudra deux heures pour le transporter à l’hôpital. Cette absence de prise en charge rapide entraînera sa mort. La presse raconte que les policiers ont d’abord appelé des journalistes et photographes afin que le corps de l’aigrefin soit photographié, puis au bout d’une heure et demi, ils ont choisi d’appeler une ambulance.
Dessin satirique de Galland sur l’affaire Stavisky – Rue des Archives
Après son suicide
Après son suicide, divers ministres sont tour à tour impliqués dans l’affaire, certains sont relaxés, d’autres sont inculpés.
Sa mort suscite le débat: était-ce réellement un suicide ou a-t-il été assassiné? Dès l’annonce de son décès, des ligues d’extrême-droite manifestent dans les rues de Paris. L’affaire Stavisky, énième scandale financier de l’époque, est l’occasion pour les ligues fascistes, les communistes et les socialistes de se mobiliser.
Cette révolte aboutira à la tragique journée du 6 février 1934, durant laquelle des policiers ouvrent le feu sur les manifestants. Ces tirs ont fait une vingtaine de morts et près de 1500 blessés. Cependant, sous la pression populaire, le gouvernement choisit de démissionner.
Article réalisé grâce au journal Le Figaro avec son article intitulé «Affaire Stavisky: la mort de l’escroc fit vaciller la République en 1934», à l’article de France Inter intitulé «Arnaques, suicide et scandale politique: l’Affaire Stavisky» et au site Encyclopédie Universalis.
Affaire Carlos Ghosn
Carlos Ghosn, puissant PDG de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubushi Motors, a été arrêté le 19 novembre 2018, soupçconné d'avoir omis de déclarer une grande partie de ses revenus. Il a été libéré sous caution début mars 2019 puis a été arrêté une nouvelle fois le 4 avril 2019 à son domicile au Japon.
Que lui reproche la justice japonaise?
Le dirigeant de 65 ans est sous le coup d'une triple mise en examen. Sa première inculpation, datant du 10 décembre 2018, l'accuse d'avoir omis de déclarer une grande partie de ses revenus (38 millions d'euros) aux autorités boursières entre 2010 et 2015. Ce serait l'entrée en vigueur d'une loi imposant aux administrateurs les mieux payés de divulger leur rémunération qui l'aurait poussé à agir de la sorte. Il affirme avoir voulu éviter les critiques des actionnaires et des employés, dans un pays où les PDG perçoivent des rétributions plus modestes qu'ailleurs.
Le 11 janvier 2019, Carlos Ghosn est mis en examen pour avoir minimiser ses revenus sur la période de 2015 à 2018, mais également pour abus de confiance. Des placements risqués lui auraient fait perdre 14.5 millions d'euros lors de la crise financière de 2008, une ardoise qu'il est soupçonné d'avoir voulu faire payer par Nissan. De plus, il est accusé d'avoir obtenu qu'un milliardaire saoudien se porte garant de cette dette contre des virements ultérieurs provenant de "la réserve du PDG" en guise de remerciements.
Le 4 avril 2019, il soupçonné d'avoir utilisé la réserve du PDG de Nissan pour des transferts d'argent de plus de 30 millions de dollars vers un distributeur de véhicules Nissan à Oman. Une partie de ces montants lui seraient donc indirectement revenue. Il aurait utilisé ces fonds pour acheter un yacht et investir dans une société dirigée par son fils aux Etats-Unis. Cependant, il n'est pas mis en examen pour ces faits.
Pourquoi une si longue détention?
Le système judiciaire japonais est complexe et sévère. Au Japon, un suspect peut rester en garde à vue jusqu'à 22 jours. A la fin de cette garde à vue, le suspect est soit relâché sans poursuite, soit arrêté de nouveau pour un autre motif. Il peut ensuite être emprisonné dans l'attente du procès, sur une période de deux mois extensibles. 99% des personnes renvoyés devant le tribunal sont jugées coupables sur tout une sur une partie des chefs d'accusations.
Arrêté le 19 novembre 2018, Carlos Ghosn a été détenu plus de 100 jours avant d'être libéré le 6 mars 2019 sous caution. Il a, de nouveau, été placé en garde à vue en raison de nouveaux soupçons. Il a connu plusieurs mandats d'arrêt durant sa détention. Son avocat, Maître Junichiro Hironaka, a dénoncé "une justice de l'otage" tentant de pousser à bout l'ancien patron de Renault-Nissan pour le faire avouer.
Qu'encourt-il?
S'il est reconnu coupable, Carlos Ghosn encourt une peine de 80 000 euros (10 millions de yens) d'amende et de 10 ans de prison pour ses omissions de déclarations de revenus. Concernant l'abus de confiance, la peine maximale est de 15 ans de prison, avec un risque de prison ferme plus élevée.
Que fait la justice française?
Carlos Ghosn n'est pas mis en examen en France. Cependant, il est tout de même visé par une enquête du parquet de Nanterre suite à un signalement de Renault début février 2019. Il est soupçonné d'avoir obtenu la location du Château de Versailles et du Grand Trianon pour l'organisation de son mariage (une prestation évaluée à 50 000 euros) en contrepartie d'une convention de mécénat signée entre l'établissement public et Renault.
Exerce-t-il encore ses fonctions?
Il a été révoqué dès le 22 novembre 2018 (3 jours après sa première arrestation) de la présidence du conseil d'administration de Nissan. Le 26 novembre 2018, c'est au tour du conseil d'administration de Mitsubishi Motors de le limoger. Enfin, il a démissioné de la présidence de Renault le 23 janvier 2019. Il n'exerce donc à ce jour plus aucune fonction dans l'alliance Renault-Nissan-Mitsubichi Motors.
Une fuite au Liban
Empruntant plusieurs avions, Carlos Ghosn est parvenu à s'enfuir du Japon le 29 décembre 2019 pour se réfugier au Liban. Le franco-libanais dit s'être échappé du Japon, où il était assigné à résidence, pour ne plus être "otage d'un système judiciaire japonais partial où prévaut la présomption de culpabilité".
Le principal avocat de l'ancien PDG, Maître Junichiro Hironaka, affirme ne pas avoir ét contacté par son client et avoir appris "par la télévision" que celui-ci s'était enfuie.
Début janvier 2020, la Turquie a ouvert une enquête pour tenter de déterminer comment Ghosn a réussi à s'enfuir au Liban en passant par Istanbul. Cette enquête a permis d'arrêter 7 hommes, dont 4 pilotes. Le 2 janvier 2020, Interpol a émis une demande d'arrestation visant Carlos Ghosn.
Le 8 janvier, le franco-libanais a prit la parole en tout début d'après-midi à Beyrouth. Il a assuré vouloir "laver son honneur" et a notamment indiqué que les accusations de malversations financières étaient "sans fondements".
Le 9 janvier 2020, la justice libanaise a interdit à Carlos Ghosn de quitter le territoire.
Le 14 janvier 2020, Ghosn a traîné son ex-entreprise en justice, exigeant une "retraite-chapeau" qu'il estime à 800 000 euros par an. Une retraite-chapeau est une retraite intégralement financée par l'entreprise qui est, actuellement en France, exonérée de cotisations sociales et de la contribution sociale généralisée. Jugeant que son ex-PDG avait quitté ses fonctions en se retrouvant en prison, le constructeur avait annoncé en Janvier 2019 qu'il avait perdu tout droit à cette pension.
Article réalisé grâce à l'article du journal L'Express intitulé "Carlos Ghosn: décryptage d'une affaire tentaculaire" et aux articles du site euronews traitant de ce sujet.