Personnalités
Rosa Parks, "la femme qui s'est tenue debout en restant assise"
Rosa Parks est une femme afro-américaine et une icône du mouvement des droits civiques. Son refus de céder sa place dans un bus a amené au boycott de la compagnie de transport pour lutter contre la ségrégation raciale.
Photo du site l'internaute
Jeunesse et études
Rosa Parks est née le 4 février 1913 à Tuskegee, en Alabama, aux États-Unis. Elle est la fille d’un charpentier et d’une institutrice. Au divorce de ses parents, elle part vivre dans une ferme avec sa mère, son frère et ses grands-parents. Sa mère tient à ce que sa fille ait une bonne éducation malgré les entraves à la scolarité des Noirs. Elle commence des études secondaires mais doit les interrompre pour s’occuper de sa grand-mère et de sa mère tombées malades.
Elle travaille dès lors comme couturière et aide-soignante. Elle épouse Raymond Parks, barbier militant de la cause des droits civiques et membre de l’Association de l’Alabama pour la promotion des gens de couleurs (National Association for the Advancement of Colored People, NAACP). Encouragée par son mari et malgré ses charges familiales, elle reprend et termine ses études secondaires en 1934, elle atteint alors un niveau que seul 7% des Noirs atteignent à cette époque.
Son engagement dans les droits civiques
En 1943, elle rejoint le Mouvement pour les droits civiques (American Civil Rights Movement) dont elle est la secrétaire jusqu’en 1957. En plus de ce poste, elle occupe celui de femme de ménage pour un couple libéral, Clifford et Virginia Durr. Ces derniers l’encouragent à suivre une formation sur les droits des travailleurs et sur l’égalité raciale dans le Tennessee.
Photo non-datée de Rosa Parks dans un bus de Montgomery [AP Photo/Daily Advertiser/Keystone]
Son refus de céder
Le 1er décembre 1955, à Montgomery, dans l’Alabama, elle est assise sur un siège réservé aux blancs dans un bus. Elle refuse d’obéir au conducteur du bus qui lui demande de laisser sa place et d’aller s’assoeir au fond du bus. Elle est arrêtée, jugée et inculpée pour désordre public et violation des lois locales. Elle doit aussi s’acquitter d’une amende de 15$. Elle dira par la suite assumer son geste, bien que celui-ci n’est pas été prémédité.
«Les gens racontent que j’ai refusé de céder mon siège parce que j’étais fatiguée, mais ce n’est pas vrai. Je n’étais pas fatiguée physiquement, ou pas plus que d’habitude à la fin d’une journée de travail. Je n’étais pas vieille, alors que certains donnent de moi l’image d’une vieille. J’avais 42ans. Non, la seule fatigue que j’avais était celle de céder.»
Elle fait appel du jugement. L’avocat de la NAACP, Edgar Nixon, voyant l’intérêt symbolique du combat à mener, sollicite un avocat blanc, Clifford Durr qui accepte de contester la constitutionnalité de la loi ségrégationniste.
Dans le même temps, un jeune pasteur de 26 ans du nom de Martin Luther King lance, avec l’aide des dirigeants de la communauté afro-américaine, une campagne de protestation non-violente et un boycott contre la compagnie de bus de Montgomery. Ce boycott durera 381 jours mais portera ses fruits. Le 31 novembre 1956, la Cour Suprême casse les lois ségrégationnistes dans les bus en les déclarant anti-constitutionnelles.
Par ce geste et les actions qu’il a entraîné, Rosa Parks contribue à la prise de conscience des Américains, et devient une figure de la lutte contre la ségrégation raciale mais aussi de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis. Ce n’est cependant qu’en 1964 que les lois ségrégationnistes sont abrogées dans les lieux publics par le Civil Rights Act.
Exil et fin de vie
Au chômage et en danger, Rosa Parks doit quitter Montgomery. Elle part d’abord en Virginie, puis rejoint Détroit où elle devient couturière.
Elle rejoint ensuite l’équipe du représentant démocrate du Michigan, John Conyers, à la Chambre des représentants des États-Unis jusqu’à sa retraite en 1988.
Elle connaît des difficultés financières à la fin de sa vie. Elle s’éteint le 24 novembre 2005 des suites d’une démence dégénérative. Le président George W.Bush et l’ensemble de la classe politique lui rendent hommage après son décès. Le drapeau américain est mis en berne à son intention. Son corps a été exposé pendant deux jours au Capitole, honneur jusque là réservé aux grands hommes.
Malala Yousafzai
Son nom ne vous est sûrement pas inconnu. Malala Yousafzai est une militante pakistanaise pour les droits des femmes et pour l’accès à l’éducation. Elle s’est opposée aux talibans qui tentaient d’interdire la scolarisation des filles de son quartier. Elle a reçu le prix Nobel de la paix en 2014 et est l’auteure de «Moi, Malala, je lutte pour l’éducation et je résiste aux talibans».
Victime des talibans
Malala Yousafzai est née le 12 juillet 1997 à Mingora, au Pakistan. Elle a grandi dans le foyer chaleureux d’une famille modeste et a été bercée dans le militantisme depuis son plus jeune âge. Son père, lui-même militant du droit à l’éducation, a construit une école dans son quartier.
Elle commence à se faire connaître du grand public en 2008. Alors qu’elle n’a que 11 ans, elle accompagne son père à une conférence de presse à Peshawar où elle dénonce l’action des talibans qui détruisent les écoles et tentent d’empêcher les filles d’accéder à une éducation, ainsi que d’imposer la charia.
Par la suite, elle continue à dénoncer la situation dans laquelle elle vit sur un blog diffusé à l’international par la BBC. Elle écrit sous le pseudonyme de Gul Makai pendant quelques mois mais son identité est rapidement révélée. Elle devient alors la cible de la colère des talibans.
Le 9 octobre 2012, Malala est victime d’un attentat. Des talibans montent dans son car scolaire et lui tire une balle dans la tête. Elle est touchée à la tête et au cou mais son cerveau est miraculeusement intacte. Dans un coma profond, elle est transférée de l’hôpital de Saidu Sharif à celui de Peshawar pour y être opérée. Suite à cette intervention, elle est ensuite transférée à l’hôpital militaire de Rawalpindi, puis enfin à celui de Birmingham, en Angleterre, où elle suivra une rééducation. Elle se sort de cet attentat miraculeusement intacte et en pleine possession de ses moyens.
C’est suite cet attentat qu’elle est devenue mondialement connue et qu’elle incarne un exemple pour les militants du droit à l’éducation du monde entier.
Photographie de Simon Davis
Continuité de son combat
Le combat Malala Yousafzai a été récompensé par de nombreux prix. Le gouvernement pakistanais lui a décerné le prix national de la jeunesse pour la paix en 2011. Elle a reçu le prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes en 2012. En 2013, elle s’est vue attribuer le prix Sakharov par le Parlement Européen ainsi que le prix Ambassador of Conscience d’Amnesty International. Enfin en 2014, elle est devenue la plus jeune récipiendaire du prix Nobel de la paix, prix qu’elle partage avec l’Indien Kailash Satyrarthi «pour leur combat contre l’oppression des enfants et des jeunes et pour le droit de tous les enfants à l’éducation».
En 2013, devant l’ONU, elle lance un appel à l’éducation pour tous: «Nos livres et nos stylos sont nos armes les plus puissantes. Un enseignant, un livre et un stylo peuvent changer le monde». Elle déclare aussi aspirer à une carrière politique afin de «changer l’avenir» du Pakistan: «Je vais être une femme politique plus tard. Je veux changer l’avenir de mon pays et rendre l’éducation obligatoire».
En 2015, alors qu’elle n’a que 18 ans, le magazine «Time» l’intègre dans la liste des 100 femmes les plus influentes de la planète.
Malala Yousafzai vit encore aujourd’hui en Angleterre avec sa famille, mais elle espère pouvoir un jour rentrer au Pakistan.
Article écrit grâce aux biographie de Madame Le Figaro et de Cnews.
Valentina Terechkova, première femme dans l'espace
En matière de conquête spatiale, les mémoires ont surtout retenu les noms de certains hommes: Youri Gagarine, premier homme à aller dans l’espace en 1961, ou Neil Armstrong et Buzz Aldrine, premiers astronautes à poser le pied sur la lune en 1969. Cependant, Valentina Terechkova reste, encore aujourd’hui la première femme à avoir effectué un vol en solitaire en orbite. Valentina Terechkova est, et sera toujours, une pionnière de l’espace.
Photographie du site Leonor Roversi
Une sélection dans le contexte de la Guerre Froide
La conquête spatiale a été un enjeu éminemment politique durant la Guerre Froide entre les États-Unis et l’URSS. A cette époque, l’Union Soviétique souhaite partager une image reflétant autant la haute technologie que la parité. Après le retour de Youri Gagarine, le premier homme à aller dans l’espace, le pays envisage d’y envoyer une femme.
L’Union Soviétique a donc fait passer une sélection à laquelle 400 femmes ont participé. Valentina Terechkova, ouvrière dans l’industrie textile, n’a que 18 ans lorsqu’elle est sélectionnée pour l’entraînement spatial coordonné avec Youri Gagarine. Au terme d’une préparation tant physique que psychique, elle s’est envolée pour l’espace, elle avait alors 26 ans. Entre le 16 et le 19 juin 1963, elle a effectué 48 orbites autour de la Terre en 70 heures et 41 minutes. Sa mission, le vol Vostok 6, a été jumelée au vol Vostok 5. Elle a donc navigué dans un vaisseau proche de celui de son homologue Valeri Bykovski.
Ses premiers audios
Grâce aux archives radiophoniques, France Culture a pu retrouver une retransmission et la traduction des premiers mots de Valentina Terechkova en orbite sur les ondes de la Radio-Télédiffusion Française. Le 16 juin 1963, le jour du décollage, la cosmonaute évoquait alors son homologue Valeri Bykovski. Il avait décollé de Baïkonour deux jours auparavant, à bord de la mission Vostok 5:
«Nous avons commencé avec Bykovski notre vol cosmique jumelé. Une liaison sûre par radio a été établi entre nos vaisseaux cosmiques. Nous naviguons à une distance rapprochée. Tous les systèmes de nos vaisseaux fonctionnent normalement. Nous nous portons bien.»
Photographie du Musée de la Cosmonautique à Moscou
Quelques péripéties
Son voyage de 1963 a connu quelques péripéties. Certaines prêtent à sourire, d’autres sont moins dérisoires. Par exemple, dans son nécessaire de voyage, il y avait bien des provisions, du dentifrice, mais pas de brosse à dents.
Dans un registre nettement plus sérieux, le vaisseau de Valentina Terechkova avait un dysfonctionnement grave, qui a bien failli l’empêcher de revenir sur Terre. Ce n’est que grâce aux informations transmises depuis la Terre qu’elle est parvenue à modifier les réglages et à atterrir en Sibérie, comme ce qui était prévu. Cet événement est longtemps resté secret mais elle l’a révélé dans une interview filmée en 2011:
«Je dois dire que mon vaisseau spatial avait un défaut sur un système automatique. Pendant la phase de freinage, le vaisseau était orienté non pas pour la descente mais pour la montée. Son orbite remontait. Du coup, j’aurais pu ne pas revenir.»
Article réalisé grâce à l’article de France Culture intitulé «Valentina Terechkova, première femme dans l’espace» et celui du site Numerama intitulé «Comment Valentina Terechkova est devenue la première cosmonaute».
"La meilleure journaliste d'Amérique"
Nellie Bly, de son vrai nom Elizabeth Jane Cochrane, est née le 5 mai 1864, à proximité de Pittsburgh en Pennsylvanie. Elle est la pionnière du journalisme d’investigation et la première femme à avoir effectué un tour du monde sans être accompagnée d’un homme.
Nellie Bly / Bettmann/CORBIS
Début de sa vie
Son père a eu cinq enfants avec la mère d’Elizabeth mais aussi dix autres d’un précédent mariage. Il meurt lorsqu’elle n’avait que six ans. Après sa mort, la branche familiale dont faire partie Elizabeth est écartée de la succession. Afin de subvenir aux besoins de sa famille, la mère d’Elizabeth se remarie trois ans après la mort de son époux. Cependant, son nouveau mari est violent et alcoolique, l’obligeant à divorcer.
En 1880, la famille part s’installer à Pittsburgh où Elizabeth aide sa mère qui s’occupe d’un pensionnat. Aux vues des difficultés financières de sa mère, Elizabeth, alors âgée de 16 ans, sait qu’elle va devoir travailler. Sa situation la destine à devenir dame de compagnie ou gouvernante. Un jour, elle lit un article du journal Pittsburgh Dispatch admonestant les femmes qui poursuivent des études et appelant les femmes qui travaillent des «monstruosités», les enjoignant de ne pas s’éloigner du cercle familial et des tâches ménagères. Jugeant cet article extrêmement sexiste, Elizabeth envoient une lettre particulièrement bien sentie au rédacteur en chef du journal, George Maden. Celui-ci, impressionné tant par son style littéraire que par son audace, l’embauche dans son journal. Il l’oblige ensuite à prendre un pseudonyme car son franc-parler pourrait nuire à sa famille. Elizabeth Jane Cochrane devient donc Nellie Bly.
Elle commence donc à travailler au Pittsburgh Dispatch dès ses 16 ans. Ses premiers articles mettent en lumière la situation des familles, des enfants et des ouvriers de l’époque. Bien vite, elle va trouver son domaine de prédilection: le journalisme d’investigation.
Ses reportages pour le Pittsburgh Dispatch
Pour les besoins de son premier reportage, elle se fait embaucher dans une usine de conserves. Son premier reportage publié dans le journal retrace donc la vie des ouvrières de cette usine, le tout accompagné de photographies. Bien que les ventes du journal explosent après ce reportage, la direction des usines fait pression pour celle du journal, l’article de Nellie l’ayant mis dans une position délicate. En conséquence, George Maden oblige la jeune journaliste a se cantonner aux domaines artistiques et théâtraux.
En 1886, elle part avec sa mère effectué un voyage de six mois au Mexique, durant lequel elle doit décrire les mœurs et coutumes du pays en différents articles. Durant ce voyage, elle devient de plus en plus critique vis-à-vis du gouvernement mexicain, allant jusqu’à dénoncer l’arrestation d’un journaliste. Elle est forcée de quitter le pays avant de se faire elle-même arrêter. Elle rentre donc accompagnée de sa mère à Pittsburgh, où le journal l’oblige encore une fois à se cantonner aux domaines de la mode et du jardinage.
Le New-York World et un tour du monde
En 1887, ayant soif de sujets sociaux, Nellie Bly quitte le Pittsburgh Dispatch et part à New-York, où assiège durant plusieurs heures la rédaction du New-York World, jusqu’à ce que le rédacteur en chef Joseph Pulitzer accepte de la recevoir. Celui-ci lui promet un poste à la condition qu’elle réalise un reportage sur un asile.
Le lendemain, Nellie se fait interner au Blackwells Island Hospital à Roosevelt Island. Elle y restera dix jours. A sa sortie, son reportage dénonce des conditions de vie et d’hygiène désastreuses ainsi que des méthodes et traitements cruels. Son reportage entraîne l’indignation de la presse et de la population, ce qui pousse l’établissement à changer ses pratiques.
L’un des faits les plus marquants de sa carrière est son tour du monde en 72 jours. Elle a effectué 40 070 kilomètres entre le 14 novembre 1889 et le 25 janvier 1890. Avec cet exploit, elle bat le record détenu par le personnage Phileas Fogg, de Jules Verne dans son œuvre Le Tour du Monde en 80 jours.
Nellie Bly / Bettmann/CORBIS
Après son tour du monde
A son retour, elle continue ses reportages sur le monde ouvrier. A la mort de son frère, elle choisit de prendre en charge sa veuve et ses enfants. Cependant, cela la place dans une situation financière délicate.
Elle surprend tout le monde en 1895 en choisissant de se marier avec Robert Seaman, un millionnaire de 42 ans son aîné. Après son mariage, elle laisse quelques peu le journalisme de côté pour aider son mari, qui détient une fabrique de bidons métalliques pour contenir le lait. Son mari décède en 1904, ce qui l’oblige à prendre la direction de la fabrique. Elle choisit de mettre en place des réformes progressistes dans les usines qu’elle détient: temps de travail, assurances santé, salaire journalier, bibliothèque pour les ouvriers, etc. Cependant, ces réformes ne sont pas vues d’un très bon œil. Son sens des affaires n’étant pas très bon, elle doit vendre les usines en 1914.
Au début de la première guerre mondiale, elle se propose comme correspondante au Royaume-Uni pour le New-York Evening Journal. C’est dans ce pays qu’elle va assister au combat des suffragettes et prédire que ce combat touchera bientôt les États-Unis. Elle rentre à New-York après l’armistice, et poursuit son travail sur le monde ouvrier, le monde politique et la condition des femmes. Elle s’investit en faveur du droit de vote des femmes. Elle meurt le 27 janvier 1922 d’une pneumonie à New-York. Le lendemain, les journaux parle de la mort de «la meilleure journaliste d’Amérique».
Rosalind Elsie Franklin: chimiste, biologiste moléculaire et cristallographe
Rosalind Franklin est célèbre pour ses travaux sur le charbon et les virus. Ses photographies de l'ADN par critallographie aux rayons X sont tout aussi célèbres et ont largement contribué à la découverte de la structure à double hélice de la molécule. Elle n'a, cependant, jamais été récompensée par un Prix Nobel.
Rosalind Franklin / A other, Flickr
Les débuts de sa vie
Rosalind Elsie Franklin est née le 25 juillet 1920 à Notting Hill, à Londres, dans une riche famille juive. Grâce à son intelligence, elle réalise un parcours exemplaire tout au long de sa scolarité. A 11 ans, elle intègre l'un des seuls établissements londoniens dispensant des cours de physique et de chimie aux jeunes filles, le Saint Paul's Girls' School. C'est dans celui-ci qu'elle va révéler un réel talent pour ces matières, ainsi que pour le latin et le français. En 1938, elle passe avec brio son examen de fin de scolarité et obtient une bourse universitaire.
La première moitié du XXème siècle est marquée par la montée du nazisme et la guerre. La famille Franklin a accueillit des réfugiés juifs fuyant l'Allemagne et l'Europe de l'Est. Son père lui a alors intimé d'abandonner sa bourse universitaire en faveur d'un réfugié, ce qu'elle fera. Cependant, cet événement ne l'a pas empêché d'intégrer le Newham College, à l'université de Cambridge, afin d'y étudier la chimie.
Au terme un cursus universitaire brillant, elle obtient son PhD en 1945. Un PhD est, dans le système universitaire anglo-saxon ou franco-canadien, l'intitulé le plus courant d'un diplôme de doctorat, il se traduit par Philosophiae Doctor (littéralement "docteur en philosophie"). Sa recherche universitaire portait sur la porosité du charbon. Ses recherches contribueront à la classification des charbons et permettront de déterminer leur intérêt industriel, notamment dans la production de carburants et de masques à gaz.
Ses recherches sur l'ADN
A la fin de la guerre, Rosalind se rend en France. En 1947, elle entre au Laboratoire centre des services chimiques à Paris, où elle a l'occasion de se former à la cristallographie aux rayons X.
De retour à Londres, en 1951, elle intègre le King's College en étant affectée au département de biophysique. Elle met alors à profit son expertise en cristallographie aux rayons X pour étudier l'ADN. Elle vient ensuite en aide à Maurice Wilkins et Raymond Gosling, un doctorant, ayant déjà effectué des travaux de diffraction de l'ADN, en améliorant considérablement leur technique. Cependant, bien vite, des tensions s'installent entre Franklin et Wilkins.
C'est dans ce contexte de tensions qu'elle découvre, avec Raymond Gosling, les deux conformations de la molécule d'ADN, qu'elle choisira de nommer A et B. Grâce à la technique de cristallographie apprise à Paris, les deux chercheurs parviennent à réaliser des clichés de l'ADN. En 1953, Rosalind finit par conclure que les deux conformations de l'ADN présentent une telle structure et commence à les décrire dans des articles scientifiques.
Ecartée de ses propres découvertes
Dans le même temps, Wilkins poursuit ses propres recherches sur l'ADN B en parallèle des travaux de Franklin, de même que James Watson et Francis Crick à l'université de Cambridge. Ces deux derniers se sont largement appuyés sur les découvertes de Franklin et Wilkins pour mettre au point leur modèle moléculaire de l'ADN.
En mars 1953, Rosalind quitte le King's College pour le Birckbeck College. Ses travaux sur l'ADN, alors largement aboutis, doivent rester au King's College sur ordre du directeur. En avril 1953, Watson et Crick publient leur modèle dans Nature, une revue scientifique. Les travaux de Franklin et Wilkins ne seront publiés que comme soutien à leur modèle.
Les tensions entre Rosalind et les autres chercheurs, ainsi que sa position sceptique envers le modèle de Watson et Crick peuvent expliquer, en partie, sa mise à l'écart de la découverte de la structure à double hélice de l'ADN. Alors même que Wilkins, Watson et Crick ont décidé de collaborer, il apparaît évident que les travaux de Franklin ont été utilisés à son insu après son départ du King's College.
Disparue avant la possibilité d'un Prix Nobel
Dès 1956, la santé de Rosalind se dégrade en raison d'un cancer de l'ovaire. Malgré plusieurs traitements, elle est décédée le 16 avril 1958 à Chelsea, à Londres. Elle n'avait alors que 38 ans.
En 1962, le Prix Nobel est décerné à ses collègues Watson, Crick et Wilkins pour la découverte de la structure à double hélice de l'ADN. Elle ne sera jamais récompensée car, au-delà des tensions existant avec les autres chercheurs, cette récompense ne peut être attribué à titre posthume.
Article réalisée grâce au site futura-sciences