La première porteuse saine reconnue
Connaissez-vous Mary Mallon? Non? Cela m'arrange, je vous raconte son histoire. Elle est reconnue comme étant la première porteuse saine diagnostiquée de l'histoire médicale américaine. Elle est née le 23 septembre 1869 et s'est éteinte le 11 novembre 1938. Première porteuse saine de la fièvre typhoïde sur le territoire américain, elle a passé une bonne partie de sa vie en quarantaine.
Les débuts de sa vie et des contaminations
Elle est née en Irlande du Nord et y a vécu une quinzaine d'année avant d'émigrer aux Etats-Unis, donc aux alentours de l'année 1884. Elle a enchaîné plusieurs petits boulots, avant de trouver une place en tant que cuisinière en 1900 dans un petit village.
Tout se passe bien pendant deux semaines. Ensuite, ses employeurs contractent la fièvre typhoïde. Cette maladie infectieuse a été découverte en 1818 par Pierre Bretonneau. Elle provoque une fièvre élevée (généralement autour de 40°), des maux de tête, des insomnies, des vertiges, des épistaxis (saignements de nez), une perte d'appétit, des nausées et des diarrhées ou constipations. Cette fièvre typhoïde entraine la mort pour une personne sur dix.
Mary Mallon quitte donc son emploi et part vivre à Manhattan, où elle trouve un poste de cuisinière dans une famille bourgeoise. Peu de temps après son arrivée, les membres de la famille commencent à souffrir de fièvres et de diarrhées et l'une des employés succombe à la maladie. Mary décice donc une fois de plus de changer de travail.
Elle travaille ensuite pour plusieurs familles dont celle d'un avocat et une de Long Island. Elle laisse dans son sillage des dizaines de personnes malades de la fièvre typhoïde et souffrant des mêmes symptômes.
Sa première mise en quarantaine
Durant l'hiver 1906, son histoire prend une nouvelle tournure. Une des familles touchées décide de recourir aux services de George Soper, un spécialiste des épidémies, afin de trouver la cause de la contagion. Après plusieurs semaines de recherche, il finit par pointer un seul élément reliant toutes ces contaminations: une cuisinière âgée d'une quarantaine d'années, Mary, bien entendu. Pourquoi ? me direz-vous. Et bien à cause de sa spécialité: une crème glacée à la pêche, seule recette où les aliments n'étaient pas cuits.
Soper parvient très vite à retrouver sa trace et il lui demande de se soumettre à des examens afin de vérifier son hypothèse. Mary refuse une première fois. Il revient lui demander deux fois durant les semaines suivantes, et elle refuse à chaque fois.
Mais très vite, les autorités sanitaires de New York finissent par connaître cette histoire et envoient alors un nouveau médecin parler à Mary Mallon. Une femme, comme elle: Sara Josephine Baker. Mais une fois de plus, la cuisinière refuse, accusant les autorités de persécution.
Sara Josephine Baker revient cependant quelques jours plus tard en compagnie de plusieurs policiers. Ils forcent alors Mary à faire des prélevements, l'identifiant ainsi comme la toute première porteuse saine de la fièvre typhoïde. Pour stopper la contamination, les médecins lui proposent de lui ôter la vésicule biliaire mais elle refuse.
Pour limiter la propagation de la maladie, les autorités la placent en isolement pendant trois ans dans une clinique située à North Brother Island.
Sa libération
En 1910, elle intente un procès à la ville. On décide alors de la relâcher, mais seulement si elle promet de se laver les mains régulièrement et de ne plus être cuisinière.
Au début, elle se plie aux ordres. Elle trouve une place de lingère pendant quelques mois. Cependant, très vite, elle réalise qu'elle ne pourra jamais gagner autant et elle prend alors une nouvelle identité pour exercer de nouveau comme cuisinière.
Sa deuxième mise en quarantaine
En 1915, elle est accusée d'avoir contaminée pas moins de 25 personnes dont un est décédé alors qu'elle travaillait dans un hôpital.
Cette dernière est alors placée en détention et renvoyée sur North Brother Island, où elle restera confinée jusqu'à la fin de sa vie. Elle s'est éteinte le 11 novembre 1938 à l'âge de 69 ans. Ce deuxième confinement aura donc duré 23 ans. Elle aura passé 26 ans de sa vie enfermée dans une clinique.
Après sa mort
Après autopsie, les médecins ont confirmé la présence de bactéries de la fièvre typhoïde dans sa vésicule biliaire. Le corps de Mary a ensuite été incinéré.
Si son histoire a autant fasciné, c'est principalement parce qu'elle fut la première porteuse saine de la fièvre typhoïde identifiée. Par la suite, d'autres porteurs sains ont été identifiés, mais aucun n'aura causé autant de dommages que Mary Mallon.
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